27.7.06

Edouard Fillias sur la SS

Interviewé sur Nues blog, il a dit :
Nous sommes favorables à la fin du monopole de la Sécurité sociale, c'est à dire à la liberté de vous assurer pour votre santé là où vous le souhaitez, ainsi que pour votre chômage. Mécaniquement, cette réforme entraînera une baisse du coût des assurances sociales et des assurances santé et donnera donc du pouvoir d'achat aux Français. D'ailleurs, vous le savez peut-être, mais il est déjà possible de sortir de la Sécurité sociale et de s'assurer à l'étranger et les prix pour vous assurer à l'étranger sont très inférieurs à ceux de la Sécurité sociale.
Oui, on le "sait peut-être" (et même sûrement), mais il n'en reste pas moins que pour les salariés c'est très difficile, leur employeur ne voulant pas prendre de risques, en général.

Pour les travailleurs indépendants, c'est en revanche envisageable.

Parmi ceux que je connais, certains n'ont aucune intention de quitter la SS. Famille nombreuse, il leur faudrait payer pour chaque enfant et donc arrêter de bénéficier de la notion collectiviste d'ayant-droit. Il vaut donc mieux rester comme ça à vivre sur le dos des autres.

D'autres indépendants, je m'en suis rendue compte récemment dans mon travail (en informatique), ont trouvé le filon. Ils court-circuitent la Soviétie française dans son ensemble de la façon suivante : ils créent une société au Royaume-Uni ou dans d'autres pays plus accueillants que la Soviétie (Luxembourg ?) et offrent leurs services à une société de services informatiques française (une SSII classique, qui, elle, n'a rien d'offshore). Inutile de leur parler d'URSSAF ou de Sécu, ils ne savent pas ce que c'est. Le client final (client de la SSII) ignore tout ça. Leur compte en banque est à l'étranger, leur assurance santé aussi, le reste à l'avenant (ils roulent quand même, pour la plupart, avec une voiture immatriculée en Soviétie française - mais pas tous !).

Résultat des courses : ils gagnent deux fois plus que moi, salariée esclave, pour le même travail ! D'abord parce que le service ça rapporte plus (500 euros par jour est un minimum pour un informaticien compétent), ensuite ils n'ont pas de charges sociales (juste une assurance santé style IHI à 3000 euros par an) et ils payent moins d'impôts. Pour leur retraite, ils s'en chargent eux-mêmes (et il est clair que gérant eux-mêmes leur argent, ils auront quelque chose au soir de leur vie, alors que nous les salariés n'aurons RIEN - ou si peu).

Ces mauvais citoyens (que j'approuve totalement !) vont donc enrichir un pays étranger tout en travaillant en France. Miracle de la fiscalité confiscatoire ! Laffer, ne te réveille pas, la France n'aime pas les riches et préfère les idéologues...

Edouard Fillias, dans son podcast, parle d'une flat tax à 20%. C'est encore beaucoup trop (la Russie, qui est très loin d'être un pays libéral, pratique un taux à 13%). Cela dit, si les charges sociales sont reversées intégralement au salarié, c'est toujours mieux qu'aujourd'hui.

Bon, si un jour vous me voyez écrire dans ce blog en anglais ou en lëtzebuergesch, c'est que j'aurai franchi le pas, et que ce blog n'aura plus de raison d'être ! En attendant, je rame avec les autres dans la galère collectiviste urssafienne...

4 commentaires:

Laure Allibert a dit...

Et je me demande même s'ils ne sont pas déclarés en France comme chômeurs ou comme RMIstes, puisqu'ils n'ont pas de revenus officiels...

Laure Allibert a dit...

A part leur faire un procès pour complicité d'extorsion de fonds, il n'y a pas de solution. Et vous vous voyez faire un procès à votre employeur ?

Anonyme a dit...

"Parmi ceux que je connais, certains n'ont aucune intention de quitter la SS. Famille nombreuse, il leur faudrait payer pour chaque enfant et donc arrêter de bénéficier de la notion collectiviste d'ayant-droit."

Ah. Il me semblait bien qu'il y avait un truc. Cela fait des années que je traîne sur les sites du genre "Quitter la Sécu", et tout le monde vous y démontre par A + B que l'assurance étrangère privée est beaucoup plus avantageuse et que donc la Sécu vous vole.

C'est la première fois que je vois mentionné ce tout petit détail: vos enfants et votre conjoint sont couverts par la Sécu sans qu'ils aient besoin de cotiser. Et ce n'est pas le cas des assurances privées étrangères.

C'est un peu gonflé de balayer cela d'un revers d'un main en le traitant de "notion collectiviste".

Cela confirme mon pressentiment que de nombreux libéraux et quitteurs de Sécu potentiels sont des jeunes gens, sans attaches, sans enfants, dans des métiers à potentiel, avec de bonnes espérances de revenus.

Et ils pensent que tout le monde est comme eux.

Ils voient tous les inconvénients du système pour eux, mais pas ses avantages pour les autres!...

On peut discuter cet avantage familial offert par la Sécu. Mais toute comparaison honnête de l'assurance-maladie publique et privée -- et tout argumentaire en faveur du quittage de Sécu -- se doit de mentionner aussi les avantages de cette dernière.

Autre élément que je ne vois jamais abordé chez les quitteurs de Sécu: que deviennent vos cotisations retraite, si vous claquez la porte? Etes-vous bien certains qu'une fois le conflit juridique engagé, la Sécu ne va pas vous dire, vingt ans plus tard, votre retraite venue: vous nous avez chié dans les bottes il y a vingt ans, donc pour la partie de retraite qu'on vous doit, vous pouvez vous assoir dessus?

Là encore, le quittage de Sécu semble réservé, en gros, aux jeunes, célibataires, à l'orée de leur parcours professionnel, avec bon diplôme, bons revenus, employables, mobiles.

Soit une toute petite partie de la population.

Quand je vois qu'Edouard Fillias, ex-président d'Alternative Libérale, ex-candidat à la présidence de la République, a osé écrire "On peut quitter la Sécu", sans plus de précision... Quelle irresponsabilité!

Laure Allibert a dit...

La notion d'ayant-droit est une caractéristique de la SS collectiviste. J'ai le "droit" d'avoir des enfants, et c'est les autres qui paieront pour eux !

La "Sécu" n'est pas une organisation monolithique que l'on puisse quitter "en bloc" : on peut quitter la partie assurance-maladie sans quitter la partie retraite (n'oubliez pas que toutes ces caisses sont des organisations de droit privé). Donc votre crainte n'est pas justifiée.